
En tant que sophrologue, avez-vous déjà été confronté à des clients qui, après une séance initiale satisfaisante voir même enthousiasmante, disparaissent sans réelle explication ? Lors des supervisions que je propose je constate que ce phénomène laissent souvent les sophrologues démunis et dans le doute. Dans cet article j’explore ce phénomène et offre des perspectives pour mieux comprendre et gérer ces situations.
Le Paradoxe de l’Enthousiasme Initial
II vous arrive peut-être (comme à moi) de recevoir des clients captivés par la première séance qui pourtant ne reviennent pas. Ils ressortent de ce premier rendez-vous enchantés, exprimant qu’ils ont le sentiment d’avoir enfin trouvé l’approche qui leur convient ou qu’ils se sont rarement senti aussi détendus… Alors que se passe-t-il entre la sortie de la première séance et la deuxième pour que ces personnes fassent volte-face et annulent le rendez-vous ou ne s’y présentent pas ? Est-ce un reflet de leur parcours intérieur ou une réaction à la séance elle-même ? Cette situation, à première vue incompréhensible, ne doit pas vous faire paniquer. Si vous vivez ce type de déconvenue, sachez que cela ne signifie en aucun cas que vous êtes incompétent ou que vous avez commis une erreur !
Et si « aller mieux » n’était pas la meilleure option
Parfois, l’absence de retour d’un client après une séance enthousiaste peut être interprétée à tort comme un signe d’échec ou de désintérêt. Cependant, il est important de considérer une perspective différente : et si « aller mieux » n’était pas la meilleure option pour le client à ce moment de sa vie ? Il arrive que des clients, bien que bénéficiant de la séance, soient confrontés à des défis intérieurs complexes qui rendent le processus de guérison moins linéaire qu’attendu.
Dans certains cas, le soulagement apporté par la sophrologie peut révéler d’autres couches de problèmes ou de questionnements que le client n’est pas encore prêt à affronter. « Aller mieux » pourrait signifier déstabiliser un équilibre précaire, même s’il est inconfortable, sur lequel le client s’appuie. Cette prise de conscience peut amener certains clients à interrompre leur parcours, non pas parce que la sophrologie n’est pas efficace, mais parce qu’ils ne sont pas encore prêts à gérer les changements que cette amélioration pourrait entraîner dans leur vie.
En tant que sophrologues, reconnaître cette possibilité nous amène à une compréhension plus profonde du parcours individuel de chaque client. Cela souligne l’importance d’accompagner avec empathie et sans jugement, en respectant le rythme et les choix personnels de chacun dans leur cheminement vers le mieux-être.
Et si une séance suffisait…
Il est également important de reconnaître qu’il arrive parfois que les clients ne reviennent pas simplement parce qu’une seule séance a été suffisamment efficace pour eux. Cette situation peut être surprenante pour car dans notre formation, l’accent est souvent mis sur l’importance des accompagnements sur plusieurs séances. Dans certaines écoles on évoque même un nombre de séances fixe en fonction des thématiques. Cependant, il faut garder à l’esprit que chaque client a ses propres objectifs et besoins. Il en est de même pour les moyens dont il dispose qu’il s’agisse de moyens financiers ou des moyens intérieurs qu’il peut mobiliser, tels que sa capacité d’introspection, ou ses ressources émotionnelles et psychologiques.
La perception que nous avons en tant que sophrologues de l’accompagnement idéal peut ne pas toujours être alignée avec ce que le client recherche ou dont il a besoin. Certains clients peuvent trouver dans une seule séance les réponses ou le soulagement qu’ils cherchaient, et cela peut leur suffire. Cette réalisation peut être un puissant rappel que l’objectif d’un client peut être plus limité et spécifique que ce que nous, en tant que professionnels, envisageons dans le cadre de notre formation.
Il est donc essentiel d’accepter que les attentes et les besoins des clients peuvent varier grandement et que notre rôle en tant que sophrologues est d’être à l’écoute de ces besoins, même lorsqu’ils diffèrent de notre propre vision de l’accompagnement. Cette ouverture d’esprit est cruciale pour respecter pleinement la démarche personnelle de chaque individu que nous accompagnons.
Cette prise de conscience enrichit notre pratique et met là encore en lumière l’importance de l’adaptabilité et du respect des besoins individuels de nos clients.
Quand la Séance/Sophrologie Ne Convient Pas…
Il y a aussi, et cela est tout à fait normal, des clients pour qui la sophrologie, le/la sophrologue ou la pratique elle-même ne convient pas. Il arrive que certains ne soient pas convaincus ou n’adhèrent tout simplement pas à la méthode utilisée. Cette inadéquation peut être due à divers facteurs : la nature même de la sophrologie, qui ne répond pas à leurs attentes ou besoins spécifiques, ou une non-résonance avec le style ou l’approche du sophrologue.
Lorsque cela se produit, il est important de reconnaître et d’accepter que la sophrologie, ou votre pratique, comme tout autre accompagnement, ne peut pas convenir à tout le monde. Cette prise de conscience nous permet de rester humbles dans notre pratique et d’admettre que notre rôle n’est pas de « convaincre » le client de la valeur de la sophrologie, mais plutôt de lui offrir un espace et une opportunité pour explorer et expérimenter. Si le client décide que cela ne lui convient pas, c’est son droit et cela doit être respecté. Si cela vous ébranle ne serait qu’un peu, il est temps de travailler sur votre sécurité intérieure.
Reconnaître cette réalité nous invite également à une réflexion sur notre pratique : quand et comment pouvons-nous nous adapter, améliorer notre approche ou même orienter le client vers une autre forme d’accompagnement qui pourrait mieux répondre à ses besoins ? Ces situations vous affectent t’elles ? Si c’est le cas il est important d’accueillir ce qui se déclenche en vous et de travailler votre sécurité intérieure.
Alors que faire ?
Côté Sophrologue
Ne pas « juger » le Client : Il arrive que certains sophrologues interprètent le non-retour du client comme un manque d’implication ou de désir de changement. Bien que cette pensée puisse sembler logique, elle s’écarte souvent de l’acceptation de la réalité objective du client. Il est primordial de respecter le cheminement individuel de nos clients, sans nous positionner en sauveurs ou en juges.
Le Doute sur ses Propres Compétences : Nous, sophrologues, pouvons douter de nos capacités, craignant de ne pas être à la hauteur ou d’avoir commis une erreur. Ce questionnement, bien qu’il soit une réflexion professionnelle naturelle, peut mener à un sentiment d’imposture ou de rejet. Travailler notre sécurité intérieure est essentiel pour accueillir sereinement ces émotions et reconnaître la valeur de notre accompagnement.
La pratique, la pratique et encore la pratique : Cela semble évident mais pourtant… Il est fréquent d’aborder ces défis davantage avec notre intellect qu’à la lumière de notre conscience. Pourtant, accueillir avec bienveillance nos sensations et émotions est primordial. Tous les inconforts et émotions que peut provoquer l’exercice professionnel de la sophrologie sont de merveilleuses occasions de travailler sur nous-mêmes et d’améliorer notre posture professionnelle.
La congruence, l’authenticité et l’humilité sont, à mon avis, les clés pour devenir un « bon » sophrologue et pour s’épanouir dans ce métier. En cultivant ces qualités, nous pouvons offrir un accompagnement plus empathique, aligné et réellement en phase avec les besoins de nos clients. Cela implique de pratiquer régulièrement la sophrologie non seulement dans notre pratique professionnelle, mais aussi dans notre vie personnelle. En vivant pleinement ce que nous enseignons, nous pouvons mieux comprendre et accompagner nos clients dans leurs propres parcours.
Et quoi de mieux que la mise en pratique immédiate : Emmanuelle Le Bris vous propose une guidance ci-dessous :
La supervision : Lors de toutes les situations qui suscitent des questionnements, la supervision s’avère un outil précieux. Elle offre un espace de réflexion et d’échange, où le sophrologue peut explorer ses propres réactions et comprendre les dynamiques en jeu avec ses clients. La supervision permet d’aborder ces cas avec un regard neuf et professionnel, aidant à décrypter les enjeux sous-jacents et à affiner votre approche. Lors des supervisions que nous proposons avec Emmanuelle le Bris ce types de situations nous amènent souvent à créer des pratiques riches et profondes qui apportent de nouvelles ressources à tout le groupe supervisé.
Côté Client
Poser des Questions Clés : Il est bénéfique de demander au client ce que l’atteinte de son objectif changerait pour lui. Cette question éclaire et aligne les attentes dès le début. Elle permet au client de réaliser si son objectif est davantage influencé par son entourage, s’il ne fait pas réellement sens pour lui, ou s’il n’est pas totalement en accord avec son propre fonctionnement. Cela facilite une compréhension mutuelle et permet d’ajuster l’accompagnement en fonction de ses besoins réels.
Visualisation des Objectifs : Cette proposition n’est pas « académique » mais elle m’est pourtant utile et précieuse depuis de nombreuses années. Il s’agit, lors de la première séance, de proposer au client de se visualiser brièvement dans sa vie au quotiden après avoir atteint son objectif. Cette proposition, amène naturellement à confirmer ou infirmer la pertinence de l’objectif. Elle permet parfois même de révéler des bénéfices secondaires et aide le client à clarifier ses attentes et objectifs. Il s’agit de poser les bases une solide alliance avec l’objectif et l’accompagnement. Il est important de préciser que cette visualisation n’est pas une futurisation classique du 2ème degré, mais plutôt un pas vers l’objectif établi lors de l’anamnèse.
Développer et Nourrir sa Pratique avec des Ressources Complémentaires
Pour aller plus loin dans l’exploration des thématiques spécifiques liées à la pratique professionnelle de la sophrologie, Emmanuelle le Bris et moi-même proposons une série d’ateliers ciblés. Ces masterclass sont conçues pour aborder en profondeur des questions pertinentes et fournir des outils pratiques adaptés aux besoins des sophrologues en activité. Nous proposerons également en mai 2024 notre accompagnement d’une année pour un petit groupe de sophrologue souhaitant développer leur activité et être accompagnés dans leur pratique.
Nous proposons également sur notre chaine youtube de nombreuses vidéos qui traitent de divers aspects de la sophrologie, que ce soit pour le développement personnel ou professionnel. Ces contenus sont pensés pour inspirer, guider et soutenir les sophrologues dans leur parcours.
Enfin, nous offrons également depuis plusieurs années un défi sophrologue gratuit, une initiative spécialement conçue pour fournir des clés essentielles à ceux qui souhaitent développer leur activité de sophrologue et enrichir leur pratique. Ce défi est une opportunité de vous appuyer sur nos expériences de « vieilles » sophrologues afin de prendre des initiatives concrètes pour faire croître son activité.
En combinant ces ressources, nous espérions que vous pourrez, non seulement approfondi votre compréhension des dynamiques client-sophrologue mais aussi renforcer votre présence et efficacité professionnelle. Nous vous invitons à explorer ces opportunités pour enrichir votre parcours en tant que sophrologue.
Cet article est très intéressant.
J’ai été très fréquemment confrontée à des personnes qui ne reviennent pas. Autant je le sentais facilement pour certains mais là où j’avais plus d’incompréhension c’était pour ceux où la séance s’était très bien passée. En vous lisant je peux voir ces situations différemment.
J’avoue que le nombre assez conséquent de séances uniques qui me faisaient me poser autant de questions. Merci
Bonjour Marie, Merci ! Je suis contente que mon article vous ai rassurée. Je tenais en effet à aborder ce sujet car je pense que personne ne parle de ces fréquentes séances uniques qui font pourtant partie de notre métier.
Merci pour votre article, que je trouve très intéressant
Il y aurait tellement à dire;et vous êtes là pour le faire