L’onde de choc continue : adapter son accompagnement à chaque étape du parcours

On pense souvent que la sophrologie peut aider à « gérer le stress » lié au cancer, de l’annonce aux différents traitements. C’est vrai… mais c’est bien plus que cela.
J’accompagne régulièrement, depuis plusieurs années des personnes atteintes de cancer en individuel ou en collectif et je mesure à quel point l’accompagnement doit être vivant, ajusté, évolutif.
Le cancer ne suit pas une ligne droite. Il traverse des phases, des silences, des bouleversements, ou chaque étape demande de notre part, en tant que sophrologues, une écoute attentive et adaptée.

La sophrologie peut accompagner tout le parcours, si elle est adaptée

À l’annonce du diagnostic : accueillir le choc

Il y a un avant et un après.
L’annonce d’un cancer est souvent brutale. Elle sidère. Elle suspend le temps. Le mental s’emballe, le corps se crispe, les émotions débordent.

Dans cette phase, la sophrologie permet avant tout :

  • De relâcher les tensions physiques, souvent logées dans la nuque, les épaules, le ventre.
  • De lui offrir un espace d’écoute ou tout peut se dire sans jugement,
  • De ramener la personne dans la conscience de l’instant présent,
  • De l’aider à retrouver un souffle plus apaisé,

Sylvie 45 ans, est venue me voir pour une séance, deux jours après avoir appris son diagnostic. Elle était « sous le choc », comme elle disait. « C’est comme si j’avais pris un 15 tonnes en pleine figure et que je n’arrivais pas à me relever ». Et c’est tellement compréhensible. La première séance a permis de relâcher les tensions liées à la sidération de l’annonce et de retrouver un espace intérieur plus calme et apaisé. Elle m’a dit à la fin : « Je me sens posée. J’ai repris pied. »
C’était ça, le premier pas.

Pendant les traitements : soulager, soutenir, accompagner le quotidien

Cette phase est souvent la plus longue et la plus éprouvante. Les effets secondaires peuvent être lourds : nausées, douleurs, fatigue qui s’accumule, troubles du sommeil, perte de cheveux, altération de l’image corporelle, doute et pertes de repères.

La sophrologie agit ici à plusieurs niveaux :

  • Elle soulage les effets secondaires, notamment par des respirations et visualisations ciblées,
  • Elle aide à garder une relation apaisée au corps, même fragilisé,
  • Elle favorise le sommeil, en installant des rituels de récupération,
  • Elle soutient l’élan vital, en stimulant les ressources internes.

En chimiothérapie, Nadia avait le sommeil de plus en plus chaotique. Sa peur de la récidive lui nouait le ventre.
Nous avons pratiqué ensemble des exercices simples, à refaire chez elle, et des visualisations guidées adaptées pour « faciliter son endormissement et malgré les réveils nocturnes moins fréquent lui permettre de se rendormir.
En quelques séances, son sommeil est devenu plus profond. Elle s’est remise à marcher un peu, à retrouver de l’élan.
Elle m’a confié : « Ce que je vis est toujours difficile, mais je me sens moins submergée.

Après les traitements : reconstruire ce qui peut l’être

L’entourage pense souvent que « tout est derrière » quand les traitements sont finis, que la vie peut reprendre « normalement ». Mais pour les personnes concernées, c’est parfois l’étape la plus déstabilisante et rien ne revient à la normal. Rien n’est plus pareil.

Quand l’agitation médicale se calme, surgissent d’autres questions :

  • Qui suis-je maintenant ?
  • Comment accepter les séquelles ?
  • Et si ça revenait ?

La sophrologie soutient cette phase de reconstruction en :

  • Renforçant l’estime de soi,
  • Aidant à accueillir les émotions sans culpabilité,
  • Aidant à restaurer une image corporel parfois bien altérée,
  • Recréant du lien à l’élan de vie.

En cas de rechute ou en soins palliatifs : rester présent, sans projeter

Quand le pronostic change, que l’horizon se rétrécit, notre posture doit évoluer. Il ne s’agit plus de parler d’ »objectifs » ou de « récupération », mais d’être là, pleinement, humainement, avec douceur.

La sophrologie peut alors :

  • Offrir un espace d’apaisement,
  • Soulager les tensions du corps,
  • Permettre des moments de calme intérieur,
  • Accompagner la personne dans ce qu’elle a encore envie de vivre ou de déposer.

Chaque étape appelle une intention différente

Ce que ces accompagnements m’enseignent, c’est que la sophrologie ne se limite pas à « proposer des exercices ».
Elle est un art subtil d’écoute, de présence et d’ajustement. Chaque étape du cancer – avant, pendant, après les traitements – appelle une intention différente, un accompagnement unique, toujours centré sur la personne et sur ce qui est juste pour elle à ce moment-là.

👉 Pour mieux comprendre l’impact global du cancer sur la vie des patients, je vous invite à (re)lire le premier article de cette série : L’onde de choc : pourquoi la sophrologie a toute sa place dès l’annonce de la maladie.
👉 Et pour celles et ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances, affiner leur posture et se sentir plus légitimes, j’anime un atelier de perfectionnement le mardi 17 juin de 9h à 12h30.
Un temps pour explorer, partager et affiner votre accompagnement.

Dans le prochain article, nous parlerons de ce que cet accompagnement vient réveiller en nous, sophrologues, et pour quoi, est-ce important d’en prendre conscience.

Emmanuelle Le Bris – Sophrologue et Formatrice