Chez de nombreuses femmes atteintes d’endométriose, la relation au corps devient un véritable combat.
Mois après mois, douleurs chroniques, fatigue, inconforts digestifs et diverses, mais aussi parcours médicaux longs et parfois intrusifs finissent par transformer la perception de soi. Le corps, lieu de vie, d’expérience et sensoriel devient un lieu souffrant et de lutte. Comment, dans ces conditions, aider les femmes à se réapproprier leur corps autrement que dans la douleur ?
En tant que sophrologues, nous avons un rôle essentiel à jouer pour leur proposer une voie de réconciliation.

Un corps souvent perçu comme un ennemi

L’endométriose est une maladie qui s’immisce dans l’intime : dans le ventre, dans le cycle, dans les douleurs sexuelles parfois, dans les projets de maternité, dans la fatigue constante. C’est une atteinte silencieuse, invisible, mais bien réelle, qui transforme peu à peu le regard que l’on porte sur son propre corps.

Certaines femmes en viennent à dire :

  • “Je ne supporte plus mon corps.”
  • “Je ne sais plus ce que ça fait de ne pas avoir mal.”
  • “Ce que je veux, c’est vivre, pas juste survivre entre deux crises.”

À force d’avoir mal, on ne se sent plus vraiment chez soi dans son propre corps. Il devient un problème à gérer, un obstacle au quotidien. Alors on le contrôle, on l’évite, on l’ignore. Mais ce qu’on perd, dans ce processus, c’est aussi une part de soi.
Ce corps que l’on fuyait pour se protéger devient progressivement un corps étranger. Et avec lui, s’efface le lien aux sensations agréables, aux élans de vitalité, à la confiance corporelle.
La douleur prend toute la place, jusqu’à faire oublier qu’il peut aussi exister des zones neutres, des moments de relâchement, des instants de présence.

Quand la confiance corporelle s’effrite

Ce rapport dégradé au corps a des répercussions sur tous les pans de la vie :

  • Dans la vie professionnelle : peur de ne pas être à la hauteur, culpabilité d’être souvent absente ou fatiguée.
  • Dans la vie intime : appréhension de la douleur pendant les rapports, perte de désir, repli sur soi.
  • Dans la vie sociale : isolement, impression de ne pas être comprise, de devoir constamment “faire comme si de rien n’était”.

Accompagner ces femmes en sophrologie ne se limite pas à les aider à gérer la douleur. Il s’agit aussi de les aider à retisser un lien sensible, vivant, nourrissant avec leur corps.

Écouter son corps autrement et apaiser le lien

Quand le corps est devenu un lieu de douleur, de tension et d’incompréhension, le simple fait de « l’écouter » peut sembler insurmontable. C’est pourtant l’un des leviers essentiels pour en sortir : apprendre à écouter autrement, dans un cadre sécurisé, guidé, avec des repères concrets.
La sophrologie offre justement un espace de réconciliation progressive, loin des injonctions à « positiver » ou à « se détendre » immédiatement. Elle propose de revenir à soi en douceur, avec des pratiques simples et respectueuses du vécu de chacune.

Au fil des séances, les femmes apprennent à :

  • Habiter à nouveau les zones douloureuses, non pas pour les forcer ou les ignorer, mais pour s’y ancrer autrement, avec attention et présence.
  • Poser un regard plus neutre ou apaisé sur les sensations, même désagréables, et sortir peu à peu de la réaction automatique de crispation ou de rejet.
  • Identifier les zones du corps qui vont bien, qui sont stables, oubliées parfois… mais qui permettent de reconstruire une perception plus complète, plus équilibrée de soi.

Certaines techniques sophrologiques jouent un rôle central dans cette reconstruction :

  • La relaxation dynamique, avec des mouvements simples, adaptés et doux, permet de relancer la circulation corporelle, de remettre du mouvement là où tout est figé, et de libérer des tensions souvent très anciennes.
  • La respiration consciente, lente et abdominale, qui permet de descendre dans le corps, de calmer l’esprit, et de créer un espace de sécurité intérieure. Cette respiration devient un point d’ancrage, un retour au réel, un repère en période de crise.
  • Les visualisations guidées, en particulier celles qui mobilisent des images de d’apaisement, de fluidité ou de protection, aident à reconstituer un lien sensoriel positif au corps. Ces images, même symboliques, ont un effet direct sur le vécu intérieur.

L’objectif n’est pas de faire disparaître la douleur à tout prix, mais de transformer la manière dont elle est vécue. De faire évoluer le rapport au corps, du combat vers la cohabitation, puis, parfois, vers une forme de paix.
Ce changement de posture intérieure crée de nouvelles ressources : un espace de respiration, de choix, d’autonomie, même au cœur de la maladie, permettre à chacune de devenir actrice sans plus subir.

L’importance du schéma corporel et de la régularité

La perception du schéma corporel est souvent distordue chez les femmes souffrant d’endométriose.
C’est pourquoi il est essentiel de les inviter à revenir progressivement à des repères simples : le poids du corps, les points d’appui, le souffle, les contours. Ces ancrages permettent de re-sentir, sans juger, sans projeter, sans attendre.

Et surtout, de revenir dans le présent, sans anticiper la prochaine crise, sans revivre les douleurs passées.

L’accompagnement sophrologique prend tout son sens dans la régularité. Ce sont souvent les petites pratiques quotidiennes, intégrées dans la routine, qui créent les plus grandes transformations :

  • Une micro-pratique de 5 minutes le matin pour se poser.
  • Une pause en milieu de journée pour respirer.
  • Un rituel le soir pour relâcher la fatigue accumulée.

Redevenir sujet, et non objet de la douleur

La sophrologie ne guérit pas l’endométriose, mais elle peut profondément transformer le rapport que les femmes entretiennent avec leur corps et la maladie.
En réhabilitant les sensations, en réouvrant l’espace de perception, en donnant la possibilité de se reconnecter à soi autrement que dans la douleur, elle permet à chaque femme de redevenir actrice de son vécu corporel.

Pour nous, sophrologues, c’est une posture d’écoute, d’adaptation et de créativité qu’il faut cultiver.
Et c’est aussi une formidable opportunité de contribuer à un mieux-être global, durable, incarné.

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Partagez avec moi, avec nous votre expérience dans l’accompagnement de cette maladie qui commence enfin à être prise en considération.

Emmanuelle Le Bris