Au fil de mes 15 années de pratique en sophrologie, j’ai observé une diminution progressive des demandes en matière de gestion du stress au profit de la gestion des émotions, et ce, tant en entreprise qu’en cabinet. Si autrefois, le stress tenait le haut de l’affiche, désormais, c’est la gestion des émotions, et depuis 2 ans avec une demande complémentaire sur la communication, qui occupent le devant de la scène. Ce changement, m’a amené à réfléchir sur mon approche et ma communication. Dans cet article je partage avec vous le fruit de mon expérience et de ma réflexion.

De la gestion du stress à la gestion des émotions

Le passage de la gestion du stress à une focalisation sur les émotions et la communication révèle à mon avis, plusieurs changements dans notre société et sur la façon dont on peut envisager notre activité de sophrologue.
A prime abord on peut se demander pourquoi, alors qu’en ce moment le stress semble être à son apogée dans notre société, les demandes de séances de sophrologie pour la gestion du stress diminueraient.

Premièrement, le stress, souvent mal compris et diabolisé, est de plus en plus fréquemment perçu comme un défaut, ce qui empêche de l’identifier et de le comprendre. Les émotions, même si elles ne sont pas davantage comprises semblent avoir un impact plus important dans la vie personnelle et professionnelle.

En effet, les émotions nous imposent d’entendre nos besoins, et il apparaît clairement que ces besoins deviennent plus pressants pour beaucoup, car moins écoutés. La vie quotidienne, souvent ressentie comme moins satisfaisante, et la perte de sens amplifient le désir d’un accompagnement centré sur l’écoute et la compréhension émotionnelle.

Cette situation se traduit fréquemment par des conflits et des difficultés relationnelles, particulièrement dans le milieu professionnel, mais également dans les sphères personnelles et familiales. L’incapacité à identifier et à exprimer clairement nos besoins et émotions peut mener à des malentendus, frustrations et tensions, accentuant ainsi le besoin d’outils pour une communication plus authentique et empathique.

L’enjeu est donc double : aider nos clients à réguler leur stress en reconnaissant et accueillant leurs émotions, et les accompagner dans la compréhension de ces émotions en termes de besoins non satisfaits. La sophrologie prend ici toute sa place de science de la conscience vers une qualité de vie améliorée, des relations humaines plus authentiques, et une communication plus fluide et profonde, essentielle pour résoudre les conflits et améliorer les interactions au quotidien.

L’hypersensibilité : une reconnaissance en vogue mais

Dans un contexte où les émotions gagnent en importance, l’hypersensibilité est devenue un sujet de plus en plus valorisé dans notre société voir même une niche marketing pour les coachs, auteurs, et vendeurs de formations. Elle est souvent perçue non seulement comme une caractéristique individuelle, mais aussi comme un trait d’appartenance à un groupe spécifique : celui des « hypersensibles ».
Cette valorisation a un double tranchant. Elle permet certes, une meilleure reconnaissance des besoins spécifiques et peut ouvrir la route à un développement personnel et professionnel axé sur l’intelligence émotionnelle. Cependant elle peut aussi entraîner un classification/catégorisation hâtive d’une personne et de son fonctionnement émotionnelle là où l’hypersensibilité s’avère souvent n’être qu’un symptôme de la phase de résistance du stress.

En tant que sophrologues, il est crucial de reconnaître cette nuance et de ne pas se contenter d’une approche qui glorifie l’hypersensibilité sans aborder les défis qu’elle pose. Il s’agit d’accompagner nos clients dans la compréhension de leur hypersensibilité non comme un label statique, mais comme un signal. Cela implique de les guider vers une meilleure régulation de leur stress et une gestion plus équilibrée de leurs émotions, tout en valorisant leur capacité à ressentir de manière aiguë, sans que cela devienne une source supplémentaire de tension.

En définitive, que nos clients soient neuroatypiques, hypersensibles ou simplement en pleine phase de résistance du stress, notre rôle ne serait il pas de les aider à accueillir et dédiaboliser ce qui se « déclenche » en eux, en leur fournissant les outils pour naviguer dans leur monde émotionnel de manière saine et constructive, pour vivre pleinement une vie riche à l’intérieure comme à l’extérieur ?

Au-delà des émotions : une sophrologie ancrée dans la compréhension et l’adaptation

Au fil de mes interventions en sophrologie, que ce soit en cabinet ou en entreprise, un aspect fondamental de ma pratique a toujours été d’éviter le piège de la diabolisation des émotions dites négatives. Cette approche repose sur la conviction que toutes les émotions, qu’elles soient perçues comme positives ou négatives, ont un message à nous transmettre. Plutôt que de les repousser ou de les juger, l’objectif est de les accueillir avec bienveillance pour en comprendre ce qu’elles révèlent de nos besoins.

Cette vision s’enrichit et se renforce au contact des dernières avancées dans la troisième vague des thérapies comportementales et cognitives (TCC), en intelligence émotionnelle et en focusing. Ces approches, comme l’Acceptation et l’Engagement (ACT) et la Thérapie Cognitive Basée sur la Mindfulness (MBCT), offrent des perspectives enrichissantes pour une sophrologie adaptée à la réalité objective de chaque client, mettant l’accent sur l’acceptation des expériences internes et l’engagement envers des actions alignées avec les valeurs personnelles.
Je m’inspire également de l’intelligence émotionnelle qui une meilleure connaissance de soi et une gestion plus fine de nos réactions émotionnelles, tandis que le focusing nous invite à prêter une attention particulière à notre expérience corporelle des émotions, pour en saisir l’essence et les implications.

Dans ma pratique, j’ai constaté à quel point ces approches peuvent transformer la façon dont les personnes vivent leurs émotions. En cabinet, cela se traduit par un travail en profondeur sur l’écoute de soi et la reconnaissance de ses propres schémas émotionnels, pour ensuite apprendre à les accueillir et à dialoguer avec eux. En entreprise, cette connaissance enrichie des émotions et de leur gestion se révèle être une clé majeure pour améliorer la communication et la cohésion d’équipe, en permettant à chacun d’exprimer ses besoins et de résoudre les conflits de manière constructive.

Ces expériences, ancrées dans une pratique sophrologique ouverte et éclairée par des recherches contemporaines, m’ont convaincu de la nécessité de partager et d’enseigner une gestion des émotions qui honore toute la complexité de l’expérience humaine. Elles ont renforcé mon engagement à accompagner mes clients vers une vie plus riche et plus harmonieuse, où chaque émotion, loin d’être un obstacle, devient un guide vers une plus grande compréhension de soi et une meilleure communication.


L’atelier « Sophrologue : gestion des émotions et la communication »

Si cette thématique vous intéresse je vous propose le 11 avril 2024 un atelier dans lequel je partagerai avec vous mon expérience et mes pratiques en cabinet et en entreprise.
Pour vous inscrire ou en savoir plus : https://ressourceetvous.learnybox.com/inscriptionemotion-65971e6680f47/