photo d'une femme montrant son biceps pour évoquer la confiance en soi

La confiance en soi, souvent érigée en véritable graal du développement personnel, est un sujet central et délicat dans notre pratique de sophrologues. Pourtant, elle est régulièrement mal interprétée, réduite à un concept trop général et fourre-tout avec des conseils bien intentionnées tels que « Il est important de développer plus de confiance en soi » ou « Il semble y avoir un manque de confiance » qui ne correspondent pas toujours à la réalité objective de nos clients ni à leurs besoins réels. Aborder la confiance en soi comme une clé universelle du succès et du bonheur peut nous éloigner de l’essence véritable des besoins et des ressources de nos clients. Ayant moi même grandi auprès d’un père passionné par la PNL d’Anthony Robbins je me suis souvent sentie très loin de cette confiance en soi qui permettrait de dépasser ses limites et d’atteindre tous ses objectifs.
La pratique de la sophrologie et une thérapie jungienne m’ont amenée à une évidence : mon manque de confiance en moi persistant n’était pas un défaut, un handicap à surmonter dans mon accomplissement et ma vie professionnelle, c’était au contraire une force. En m’appuyant sur certaines études américaines passionnantes et sur la vision que Charles Pépin partage dans son livre « La confiance en soi, une philosophie », j’espère avec cet article enrichir votre réflexion et votre pratique de sophrologue sur la confiance en soi.

La confiance en soi : une dynamique

Pour mieux comprendre les dynamiques de la confiance en soi, il est crucial de se référer à des recherches approfondies telles que celles menées par Carol Dweck, professeure de psychologie à Stanford. Ses études sur la mentalité fixe et la mentalité de croissance démontrent comment notre perception de l’intelligence et des capacités personnelles peut profondément influencer notre comportement et notre bien-être. Dweck distingue deux types de mentalités : une mentalité fixe, qui perçoit les capacités comme inamovibles, et une mentalité de croissance, qui voit les compétences comme développables à travers l’effort et l’apprentissage. Selon ses recherches, l’adoption d’une mentalité de croissance peut mener à une meilleure résilience, tandis qu’une mentalité fixe peut limiter l’individu, le rendant plus vulnérable à l’anxiété et moins enclin à prendre des risques bénéfiques. Cette distinction est fondamentale pour les sophrologues, car elle nous aide à orienter nos clients non vers une confiance en soi superficielle, mais vers une confiance en leur capacité à évoluer et à surmonter les défis.

L’approche américaine de la confiance en soi, fréquemment centrée sur l’auto-affirmation et la valorisation personnelle à travers des techniques de visualisation de succès, soulève de nombreuses critiques. Ces méthodes, qui font partie intégrante de nombreux programmes de développement personnel populaires aux États-Unis, encouragent souvent les individus à se percevoir de manière inconditionnellement positive. Si cette méthode peut initialement sembler bénéfique, elle a tendance à promouvoir une surestimation de soi qui n’est pas toujours étayée par des compétences ou des réalisations réelles.

Ce type d’approche peut, paradoxalement, mener à une fragilité émotionnelle accrue lorsque les personnes sont finalement confrontés à des défis concrets. En effet, si la confiance en soi n’est pas fondée sur des expériences de réussites réelles et sur la reconnaissance de ses propres limites, l’individu peut se retrouver désemparé et moins résilient face aux échecs ou aux retours négatifs. Cette situation est exacerbée dans un contexte où l’échec est perçu non comme une opportunité d’apprentissage mais comme un reflet d’insuffisances personnelles.

De plus, cette promotion excessive de l’estime de soi peut conduire à négliger le développement de compétences essentielles telles que l’accueil des émotions dites « négatives », la critique constructive, la gestion de l’adversité et la capacité à s’adapter à des environnements changeants. L’incapacité à évaluer ses compétences de manière réaliste peut également engendrer des prises de décision inappropriées et des évaluations erronées des situations, posant ainsi des risques non seulement pour l’individu lui-même mais aussi pour son entourage professionnel et personnel.

Il est donc crucial, dans notre pratique de sophrologues, de veiller à construire une confiance en soi qui soit à la fois résiliente et réaliste, capable de soutenir les personnes dans le long terme, particulièrement lorsqu’elles sont confrontées à des situations exigeantes ou nouvelles. Cela implique un accompagnement qui encourage non seulement la reconnaissance des forces de l’individu mais aussi l’acceptation de ses zones de développement, afin de favoriser une croissance personnelle authentique et durable. Une anamnèse bien menée dans le respect de la réalité objectives de notre client permet d’éviter ses pièges. En supervision je conseille souvent, lorsque la thématique de la confiance en soi est amenée par le client, d’ouvrir le dialogue sur ce que ce terme signifie pour lui : qu’est ce que le manque de confiance l’empêche de faire ? qu’est ce qu’une plus grande confiance lui permettrait de réaliser ? Ceci afin de cerner l’objectif réelle derrière la thématique souvent générique. Il arrive même parfois, (et c’est important de le souligner) que le client réalise que c’est plus une critique/évaluation de l’entourage qu’il l’amène à vouloir aborder cette thématique. Le véritable objectif peut alors apparaitre clairement et le contenu de l’accompagnement devient alors beaucoup plus évident et fluide.

La confiance en soi explorée par Charles Pépin

Charles Pépin, dans son ouvrage renommé La Confiance en soi, une philosophie, explore la confiance en soi d’une manière qui dévie des interprétations traditionnelles souvent trop simplistes. Selon Pépin, la véritable confiance en soi ne surgit pas simplement de l’accumulation de réussites ou de l’adoption d’une posture d’auto-affirmation constante. Au contraire, elle se forge dans une relation plus introspective et authentique avec soi-même. Pépin argue que la confiance véritable est le résultat d’une harmonie entre la connaissance de ses capacités réelles et l’acceptation de ses limites.

Il soutient que cette confiance authentique émerge de l’interaction dynamique entre nos aspirations et notre réalité actuelle. Cela nécessite une compréhension profonde de ce que nous sommes capables de faire réellement, tout en étant ouverts aux possibilités de croissance et de développement personnel. Pépin met en lumière l’importance de l’échec comme composante essentielle de l’apprentissage, où les erreurs ne sont pas vues comme des défauts mais comme des étapes nécessaires vers la maturation et l’amélioration de soi. Il aborde également le rapport à l’autre comme levier indispensable d’une solide confiance en soi.

Cette vision encourage à embrasser une approche plus mesurée et réfléchie de la confiance en soi, où le développement personnel ne repose pas sur des succès ininterrompus mais sur une série d’expériences formatrices qui incluent des défis et des revers.

En intégrant ces principes dans notre pratique sophrologique, nous pouvons aider nos clients à développer une confiance en soi qui est à la fois robuste et flexible, capable de résister aux pressions externes tout en favorisant une croissance continue. Cette perspective est particulièrement précieuse dans un monde qui valorise souvent la performance immédiate et la réussite visible, car elle permet de cultiver expérience de soi qui est profondément enracinée dans la réalité personnelle de l’individu, plutôt que dans une image idéalisée et potentiellement fragile.

L’expérience de la confiance en soi en sophrologie

Cette perspective est fondamentale : il ne s’agit pas d’imposer une vision ou une mesure de la confiance, mais de guider la personne à découvrir et à valoriser sa propre essence.

En tant que praticiens, nous pouvons parfois être tentés de projeter nos propres interprétations de ce que signifie être confiant. Cependant, cela peut conduire à négliger la réalité et les ressentis uniques de la personne accompagnée. La vraie tâche est donc de créer un espace où les clients peuvent explorer et exprimer leur confiance personnelle sans jugement ni pression externe.

Chaque individu porte en lui une histoire et des ressources qui lui sont propres, et notre rôle est d’accompagner cette richesse individuelle sans la contraindre dans un modèle préconçu de ce que serait la « bonne » confiance en soi. Cela implique de cultiver une présence attentive et ouverte, permettant aux clients de se sentir validés dans leur vécu et soutenus dans leur évolution personnelle.

Plutôt que de se positionner en « sachant », adopter une posture où l’on fait confiance à la capacité du client à trouver en lui les réponses et les ajustements nécessaires est en soi un acte qui renforce la confiance en soi. Cela signifie reconnaître la compétence de la personne à être l’expert de sa propre vie, honorant ainsi sa capacité innée à progresser vers un état de bien-être authentique.

La masterclass : Sophrologie et confiance en soi

Pour celles et ceux qui souhaiteraient approfondir cette thématique je propose le 28 juin 2024 l’atelier  » Sophrologues : Sophrologie et confiance en soi » réservé aux sophrologues diplômés. je partagerai avec vous mon expérience et mon approche de cette thématique. Nous aborderons l’anamnèse, la construction des accompagnements et bien évidemment de nouvelles pratiques dans la continuité de la réflexion proposée dans cet article. Inscriptions et informations