Dans l’imaginaire collectif, la sophrologie est souvent associée à l’idée de « mieux accueillir les émotions ». Comme si sa mission principale consistait simplement à créer un espace pour ressentir ce qui est là, à observer, et à tout accepter. Mais est-ce vraiment suffisant ? Et, en tant que sophrologue, est-il judicieux de réduire notre accompagnement à cet accueil inconditionnel, quelle que soit l’intensité de l’émotion qui se présente ?
Cette vision simpliste risque de limiter notre approche et d’enfermer nos clients dans un cadre où ils doivent « tout accueillir » sans jamais leur permettre de prendre du recul ou d’agir sur ce qu’ils vivent. Alors, comment sortir de cette idée reçue que la sophrologie se borne à accueillir les émotions ?

Quand l’accueil devient une injonction
Prenons un instant pour réfléchir à cette situation : une cliente se présente en séance, débordée par un mélange de colère et de tristesse. Elle vous dit qu’elle a lu partout qu’il faut « accueillir ses émotions ». Alors, elle essaie. Elle essaie de rester avec cette tristesse qui lui serre la gorge et cette colère qui la ronge de l’intérieur. Mais cela ne fonctionne pas. Elle se sent encore plus démunie, submergée par un tsunami émotionnel qu’elle n’arrive pas à « accepter ».
Face à ce type de situation, il est facile de se sentir pris au piège. Que lui proposer ? La pousser à accueillir encore plus intensément ? L’encourager à « lâcher prise » ? Mais n’est-ce pas une nouvelle forme de pression, une nouvelle injonction émotionnelle qui s’ajoute à celle qu’elle ressent déjà ?
À ce moment précis, la vraie question est la suivante : l’accueil des émotions est-il la solution, ou le problème ?
Quand l’émotion prend trop de place : quel rôle pour le sophrologue ?
Imaginez maintenant un autre cas : un client vous raconte, avec une voix tremblante, qu’il est terrorisé à l’idée de parler devant ses collègues. Il sait que sa peur est irrationnelle, mais dès qu’il doit prendre la parole, son corps se fige, sa respiration se bloque, et il se retrouve incapable de prononcer un mot. Pour lui, « accueillir » cette peur est tout simplement insupportable. Il se sent piégé.
Alors, que faire ? Comment l’accompagner pour qu’il ne se sente pas obligé de faire face à cette peur de manière frontale ? Est-il vraiment nécessaire de le pousser à « ressentir cette peur dans tout son corps » ? Peut-être qu’à ce moment précis, ce dont il a besoin, c’est de retrouver un peu de contrôle, de rétablir une distance pour ne pas se sentir dévoré par ce sentiment envahissant.
Est-ce que, dans ce cas, se détacher de l’émotion n’est pas tout aussi légitime que l’accueillir pleinement ? La sophrologie peut aussi inviter à créer des espaces de sécurité, à mettre de la distance avec les émotions trop vives, pour permettre de se ressourcer avant de les explorer.
Culpabilité, perfection, et idées reçues
Un autre exemple qui montre bien les limites de l’accueil systématique est celui de la culpabilité. C’est une émotion qui revient fréquemment en séance, particulièrement chez des clients qui portent des exigences très élevées envers eux-mêmes. Imaginez une mère de famille qui vous confie qu’elle culpabilise de ne pas être « assez présente » pour ses enfants. Elle est partagée entre ses responsabilités professionnelles et familiales, et malgré tous ses efforts, elle se sent constamment en défaut.
Doit-elle « accueillir » cette culpabilité sans réserve ? Ne risque-t-on pas de renforcer l’idée qu’elle a raison de se sentir coupable, comme si cette émotion devenait une preuve de son échec ? Ici, l’accueil inconditionnel ne suffirait pas. Peut-être même qu’il aggraverait le problème, en rendant cette culpabilité encore plus lourde à porter.
Alors, comment l’aider à sortir de ce piège ? Comment lui montrer que toutes les émotions n’ont pas besoin d’être accueillies de la même manière ? Parfois, il est plus juste d’aider le client à identifier les pensées automatiques, à questionner ses croyances, à poser des limites à cette culpabilité envahissante. Là encore, la sophrologie doit se réinventer pour ne pas tomber dans un automatisme émotionnel.
Aller au-delà de l’accueil émotionnel : la sophrologie comme levier de transformation
C’est là tout le défi : sortir de la réduction de la sophrologie à un simple « accueil des émotions ». Bien sûr, accueillir fait partie du processus, mais c’est loin d’être une fin en soi. La sophrologie peut aussi aider à :
- Prendre de la distance : Quand une émotion devient trop intense, elle peut brouiller la perception et empêcher le recul nécessaire. La sophrologie peut amener à « mettre l’émotion sur pause » temporairement pour retrouver un espace de calme.
- Explorer le message de l’émotion sans s’y engluer : La tristesse, la colère, la peur ne sont pas des ennemies à combattre, mais ce ne sont pas non plus des vérités absolues. Comment accompagner un client à distinguer entre l’émotion brute et le message qu’elle tente de faire passer ?
- Développer un ancrage solide : L’accueil d’une émotion est difficile lorsqu’on est en permanence sur le fil. Pour certains clients, il est essentiel de retrouver d’abord un sentiment de sécurité intérieure avant d’entrer en contact avec leurs émotions.
En ce sens, la sophrologie ne doit pas se limiter à offrir un espace d’accueil, mais aussi un espace d’ajustement. Accueillir oui, mais pas n’importe comment, ni n’importe quand. Accueillir, mais parfois aussi savoir dire « non » à une émotion qui envahit tout le terrain de jeu intérieur.
Un atelier pour approfondir cette réflexion
Si ces questions résonnent avec vos propres interrogations, je vous invite à participer à mon prochain atelier intitulé « Accompagner les émotions : sortir du dictat et aller vers plus de conscience ». Ensemble, nous allons explorer comment ajuster notre posture de sophrologue face à des émotions complexes et comment aller au-delà de cette idée reçue selon laquelle « accueillir les émotions » est le seul objectif.
Nous travaillerons sur des cas concrets, des situations où l’émotion prend toute la place, et nous verrons comment la sophrologie peut devenir un levier de transformation et non juste un espace d’accueil.
Alors, prêts à élargir votre regard sur la gestion des émotions en sophrologie ?
Je vous donne rendez-vous le jeudi 17 octobre de 9h à 12h30 pour cet atelier, où nous apprendrons à redéfinir ensemble ce que signifie réellement accompagner les émotions de nos clients… avec plus de liberté et de nuances.
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