Dans mon cabinet ces dernières semaines, j’entends de plus en plus souvent mes clients dire : « Je suis vidée », « Je n’ai plus d’énergie », « Je me sens coupée de moi ». Ce ne sont pas que des plaintes liées au stress ou à la fatigue. C’est plus profond. Ils décrivent une sensation de vide intérieur, de perte de vitalité, de difficulté à se ressourcer… Comme si quelque chose s’était éteint en eux. Comme si leur énergie ne pouvait plus circuler librement.

Ces mots résonnent aussi chez beaucoup de sophrologues. Nous observons chez nos clients – et parfois en nous-mêmes – cette impression de fonctionner sur les réserves, comme un téléphone qu’on n’a jamais vraiment le temps de recharger. Et contrairement à un smartphone que l’on branche dès qu’il est à 20 %, nous, les humains, attendons souvent d’être à plat pour prendre soin de nous. Parfois même, nous tirons sur les dernières ressources, nous puisons dans ce qui nous reste, jusqu’à l’effondrement.

C’est cette réalité que j’ai eu envie d’aborder dans cet article : comment parler d’énergie dans nos séances de sophrologie, sans perdre notre cadre, sans verser dans des discours ésotériques, mais en restant proches du vécu corporel, du langage des clients, et de notre posture professionnelle.

Energie et énergétique : de quoi parle-t-on ?

Dans le langage courant, le mot “énergie” est souvent associé à des pratiques énergétiques spécifiques comme le reiki, le magnétisme ou la médecine traditionnelle chinoise. Ce n’est pas de cela qu’il s’agit ici. Nous faisons la distinction entre énergie et énergétique. L’un est un phénomène vécu, l’autre une pratique ou un système d’intervention spécifique.

En sophrologie, l’énergie peut être abordée comme une perception du vivant, une forme de tonus intérieur, une circulation sensorielle que les clients ressentent dans leur corps : picotements, chaleur, vibrations, zones de densité ou de vide.

N’avez-vous jamais entendu un de vos clients vous demander : « Est-ce normal que je sente comme des fourmillements dans mes mains ou mes bras ? » ou « C’est bizarre, j’ai l’impression que quelque chose a bougé dans ma poitrine, comme si j’avais plus d’espace et que l’air circulait mieux. » Ces ressentis, bien que subtils, sont concrets. Ils traduisent souvent un retour de la conscience dans le corps, une reconnexion sensorielle, sans qu’il soit nécessaire de les surinterpréter.

Ce sont des phénomènes liés à l’état de présence et à la conscience corporelle, et non des concepts abstraits ou mystiques. Les accueillir avec simplicité, sans les nier ni les projeter dans un cadre qui n’est pas celui de la sophrologie, est une marque de respect de la réalité du client.

L’énergie comme manifestation du corps vécu

La sophrologie, dans son essence phénoménologique, nous invite à explorer le corps vécu, ici et maintenant. Quand un client dit « ça circule » ou « je sens que ça s’ouvre », il exprime un vécu corporel subtil, une sensation d’expansion, de fluidité, de mise en mouvement interne. Ces manifestations, souvent qualifiées d’« énergétiques » par les clients eux-mêmes, ne relèvent pas d’un concept extérieur, mais d’une réalité sensorielle ressentie.

Ce vécu peut être amplifié ou freiné par de nombreux facteurs : un état de stress prolongé, une charge émotionnelle intense, un mental très présent, un manque d’ancrage, ou tout simplement une déconnexion progressive du corps. Le rôle du sophrologue est alors d’accompagner le retour à cette sensation de circulation vivante, en s’appuyant sur les ressources internes de la personne.

Nos pratiques – respiration consciente, relaxation dynamique, visualisation guidée – soutiennent ce mouvement interne. Elles permettent à ce qui est figé de retrouver une fluidité, à ce qui est dispersé de se recentrer, à ce qui est vide de se remplir.

Nous ne faisons pas « de l’énergétique » au sens d’un acte de transmission, mais nous facilitons une reconnexion à ce qui est vivant dans le corps, une mise en mouvement intérieure. Car souvent, le mouvement invite le mouvement : un souffle relâché relance une énergie bloquée, une sensation retrouvée réveille une vitalité oubliée. C’est cela que nous soutenons, dans le respect de notre cadre et dans la simplicité du corps vécu.

Le lien avec le système nerveux et le rythme interne

Lorsque le système nerveux autonome est sursollicité – par le stress, les injonctions, la peur, la surcharge mentale – il entre dans un mode de défense : agitation, fuite, figement. À force, le rythme naturel du corps s’affaiblit, voire s’effondre.

Ce rythme, perceptible de manière très subtile, est comme une pulsation de vie interne. Lorsqu’il s’efface ou devient irrégulier, le corps ne perçoit plus son propre mouvement. Le tonus vital diminue. L’énergie stagne. Le client parle alors de fatigue extrême, de sensation de vide, de corps lourd ou absent.

Notre rôle, en tant que sophrologue, est d’aider à réinstaller du mouvement dans le corps, par le biais d’exercices adaptés. Car un corps qui retrouve du mouvement (même minime, même symbolique) se remet en lien avec la vie. Le mouvement appelle le mouvement. Plus qu’un principe physiologique, c’est une réalité sensible.

Nous ne cherchons pas à restaurer un rythme idéal ou à “envoyer de l’énergie”, mais à faciliter un retour à une présence corporelle vivante, capable de se ressourcer, de se relier à ses propres appuis internes, et aux ressources de son environnement.

L’énergie circule entre l’intérieur et l’extérieur

Le corps ne vit pas en vase clos. Il est en lien constant avec son environnement, en interaction permanente avec ce qui l’entoure. Tout est système, tout est interaction, tout tend vers un équilibre. L’énergie qui circule en nous est aussi nourrie, régulée, parfois perturbée, par ce que nous respirons, voyons, ressentons ou absorbons à l’extérieur.

Nous nous rechargeons souvent sans en avoir conscience : une marche en forêt, un rayon de soleil sur la peau, l’odeur de la pluie sur la terre, le silence d’un lieu… Ces moments simples reconnectent à quelque chose de plus vaste que soi. Mais lorsque nos réserves sont épuisées, que le système nerveux est saturé, ce lien ne se fait plus. Le corps ne perçoit plus ce qui pourrait le nourrir. Il se replie. Il s’isole. Il coupe les ponts avec ce qui, pourtant, pourrait l’aider à se régénérer.

Intégrer cette dimension dans nos accompagnements sophrologiques, c’est permettre à la personne de ressentir à nouveau cette circulation entre soi et le monde. C’est ouvrir un espace pour qu’elle puisse puiser, en conscience, dans les éléments de la nature, dans la lumière, dans la chaleur, dans la verticalité des arbres ou la stabilité du sol. Sans dogme, sans rituel, simplement en passant par le corps et la sensation.

Un exemple concret en séance

Claire, 46 ans, me parle d’un état de fatigue important : « Je dors mais je ne récupère pas. J’ai l’impression d’être débranchée. » Elle ajoute : « C’est comme si mes batteries ne se rechargeait plus. »

Plutôt que de lui parler d’énergie ou de système nerveux, je l’invite à vivre une expérience d’ancrage : pieds au sol, visualisation de racines, respiration consciente. Progressivement, elle perçoit une sensation de chaleur, de remplissage. À la fin de la séance, elle me dit : « C’est comme si j’avais été rechargée de l’intérieur. »

Pas besoin de lui expliquer ce qui s’est passé. Son corps a vécu une reconnexion à sa source de vitalité. L’énergie n’est pas un concept abstrait, mais une sensation vécue, à travers des propositions simples.

Pourquoi intégrer l’énergie dans vos accompagnements ?

Accueillir la notion d’énergie permet de :

  • Reconnaître la fatigue profonde autrement qu’en termes mécaniques
  • Offrir un langage corporel accessible pour explorer ce qui circule ou stagne
  • Relier la personne à ses ressources internes (respiration, ancrage, rythme) et externes (terre, lumière, chaleur…)
  • Favoriser la capacité d’auto-régulation du système nerveux
  • Soutenir le sentiment d’unité corps-esprit chez la personne

Cela ne demande pas d’interpréter ni de projeter. Seulement d’oser ouvrir cet espace sensoriel, avec des mots justes, en lien avec l’expérience du client.

En conclusion

La question de l’énergie, loin d’être secondaire ou marginale, est au cœur de ce que vivent de nombreuses personnes aujourd’hui. Elle traverse nos accompagnements, parfois sans être nommée. En tant que sophrologue, reconnaître ces manifestations, les accompagner sans jugement ni interprétation, c’est renforcer notre posture d’écoute du vivant.

Intégrer cette dimension, c’est aussi inviter nos clients à une conscience plus fine, plus subtile, plus intime de leur corps. C’est leur offrir la possibilité de ressentir que ce qui est en eux est vivant, mobilisable, et qu’ils peuvent y puiser pour se rééquilibrer.

Et si, au fond, notre rôle était aussi celui-là : rappeler à chacun que la recharge ne vient pas seulement du repos, mais aussi de cette connexion à soi, à son souffle, à la Terre, à ce qui circule en nous et autour de nous ?

Osons en parler, entre sophrologues. Osons faire évoluer notre regard sur ce qui se joue dans le corps. Et si vous souhaitez explorer cette thématique en profondeur, dans un cadre professionnel, je vous invite à rejoindre l’atelier suivant :

Envie d’aller plus loin ?

Je vous propose un atelier de 3h30 le mercredi 19 novembre 2025, de 9h à 12h30, pour explorer cette dimension de manière simple, incarnée et professionnelle. Le groupe est limité, afin de faciliter les échanges. Toutes es informations sur l’atelier en cliquant ICI

Vous repartirez avec des outils concrets, des visualisations guidées, des repères pour intégrer l’énergie sans sortir de votre posture de sophrologue.

Emmanuelle Le Bris – Sophrologue et Formatrice