Dans les écoles de sophrologie, l’anamnèse est abordée, bien sûr. Mais souvent de façon trop générale, trop théorique, ou sans lien concret avec la réalité du terrain. Peu de formations donnent de vrais repères pour structurer ce moment d’échange, ou pour développer un questionnement précis et une écoute active ajustée à la posture sophrologique.

Et pourtant, l’anamnèse est un pivot essentiel de la séance de sophrologie.

Ce moment d’échange, juste avant la pratique, peut être :

  • un appui puissant pour ajuster la séance au vécu du client,
  • un espace de clarification pour comprendre ce qui se passe ici et maintenant,
  • un cadre sécurisant pour établir la relation.

Mais il peut aussi devenir :

  • un piège mental où l’on se perd dans les détails,
  • un moment qui dure 40 à 50 minutes, au détriment de la pratique,
  • un terrain glissant où l’on dérive vers l’analyse ou le conseil,
  • un espace où l’on n’ose pas recadrer, de peur d’interrompre ou de couper la parole.

Et soyons honnêtes : Personne ne nous apprend vraiment à mener une anamnèse claire, structurée et ajustée.

Pourquoi l’anamnèse déborde ?

Plusieurs raisons reviennent souvent chez les sophrologues que j’accompagne.

D’abord, il y a la peur de couper le client. Parce qu’on est dans l’empathie, parce qu’on veut accueillir, parce qu’on ne veut pas brusquer… on se retrouve à laisser la parole filer. Et le temps aussi.

Ensuite, il y a l’incertitude sur les questions à poser. Beaucoup de sophrologues débutent avec quelques questions génériques comme « Comment allez-vous ? » ou « Qu’est-ce qui vous amène ? ». Mais ces questions ne suffisent pas à cadrer un échange efficace. Une anamnèse utile exige un questionnement orienté vers le vécu, le corps, et l’intention de la séance.

Il y a aussi le manque d’outils de recentrage. Quand le client part dans une histoire longue ou se perd dans le mental, on ne sait pas toujours comment revenir doucement au cœur de la séance, sans couper brutalement ni sortir de notre posture.

Enfin, il y a souvent une incertitude sur ce que vous cherchez réellement à recueillir. Beaucoup de sophrologues laissent parler le client sans avoir identifié clairement ce qu’ils souhaitent recueillir, ce qui rend l’échange long, flou ou difficile à recentrer. Mais une anamnèse n’est pas là pour tout comprendre, ni pour tout entendre : elle est là pour saisir l’essentiel. Ce qui permettra d’ajuster la pratique :

  • état du moment
  • besoin ou intention du jour
  • ressentis utiles pour le choix de la technique
  • signaux corporels
  • émotions présentes
  • freins, craintes ou limites
  • évolutions et transformations entre les séances précédentes et celle du jour

Quand vous savez ce que vous cherchez dans l’anamnèse, vous gagnez en clarté, en efficacité, et en fluidité. L’objectif n’est pas de tout comprendre, ni de décortiquer l’histoire de votre client, mais de repérer les éléments vraiment utiles à l’adaptation de la pratique. C’est cette sélection fine, respectueuse et ajustée qui vous permet de passer plus rapidement à la pratique, sans rien sacrifier de la relation ni du cadre de votre accompagnement.

Ce qu’une anamnèse claire change dans votre pratique

L’écoute active est l’un des piliers de la relation sophrologique. Elle ne se limite pas à entendre : elle consiste à recevoir l’autre dans sa globalité, sans jugement, avec une attention dirigée et une présence stable. Elle permet au client de se sentir reconnu, valorisé, et ouvre la voie à une parole plus authentique. Mieux encore, elle favorise la co-construction de la séance et soutient l’émergence de ses propres ressources.

Une anamnèse structurée change profondément votre manière d’accompagner. D’abord, vous gagnez du temps et de la fluidité. L’échange devient plus ciblé, plus vivant, mieux relié au moment présent. Vous vous sentez plus ancré dans votre posture, plus confiant, plus centré.

Côté client, l’effet est immédiat : il se sent écouté sans être entraîné dans l’analyse. Il comprend que l’objectif n’est pas de raconter, mais de ressentir, d’être ici et maintenant. La séance devient plus pertinente, plus juste. Vous évitez de transformer la sophrologie en thérapie verbale. Et surtout, vous laissez toute sa place à la pratique, là où se joue vraiment l’expérience.

Une anamnèse ajustée, c’est une séance plus professionnelle. Et un client qui évolue plus sereinement, en s’appuyant sur ses ressources et sur une pratique pleinement vécue.

Et si le problème venait… du questionnement ?

Dans beaucoup d’écoles, le questionnement est survolé. Or, en sophrologie, poser une question, ce n’est pas anodin. Ce n’est pas du coaching, ni de la psychologie, ni une investigation analytique. C’est un art à part entière.

Le questionnement en sophrologie doit rester simple, ajusté, ouvert, non intrusif. Il est orienté vers le vécu, pas vers l’histoire. Il permet de faire émerger une sensation, un besoin, un mouvement intérieur. Il ouvre sans diriger. Il relance sans interpréter. Il recentre sans heurter. Il clarifie sans analyser.

Autrement dit : c’est un levier thérapeutique subtil. Un mélange de posture, de langage, d’écoute active et de cadre, au service de la conscience du client et de l’efficacité de la séance.

Comment structurer une anamnèse sans qu’elle déborde ?

Structurer son anamnèse, ce n’est pas créer un interrogatoire rigide. C’est offrir un cadre d’échange clair, respectueux et centré sur le vécu du client pour que la pratique puisse prendre toute sa place.

Voici quelques repères simples, issus de ma pratique et de mes accompagnements de sophrologues.

1. Ouvrir l’échange avec clarté
Commencez par une question simple, ouverte mais cadrée, qui invite le client à se relier à son état du moment. Par exemple : « Comment vous vous sentez aujourd’hui ? » ou « Comment vous arrivez dans cette séance ? ». L’objectif est de capter l’état présent, pas de remonter toute une histoire. Cette ouverture permet d’ancrer l’échange dans le corps et l’instant.

2. Orienter les questions vers le vécu
Poursuivez avec des formulations qui recentrent sur le ressenti : « Où sentez-vous cela dans votre corps ? », « Qu’est-ce qui se manifeste pour vous aujourd’hui ? », ou encore « Qu’aimeriez-vous apaiser ou soutenir pendant cette séance ? ». Ces questions favorisent le retour à la conscience corporelle et à l’intention du jour, en évitant de rester bloqué dans le mental.

3. Recentrer avec douceur si l’échange s’étire
Si le client part longuement dans son récit, vous pouvez intervenir avec délicatesse en disant par exemple : « Si je reviens à ce que vous disiez tout à l’heure… », ou « Ce qui me semble important pour cette séance, c’est… ». Ces formulations permettent de garder le lien tout en replaçant le cadre. Il ne s’agit pas de couper, mais d’orienter subtilement vers le cœur de la séance.

4. Reformuler de manière concise et ajustée
Une reformulation utile ne doit pas être une interprétation, mais une synthèse claire de ce que le client a exprimé. Par exemple : « Vous parlez de tensions et d’un besoin d’apaisement. Est-ce que vous êtes d’accord pour qu’on parte là-dessus ? ». Cette étape renforce la co-construction tout en validant l’objectif de la séance.

5. Basculer vers la pratique dès que l’essentiel est là
Une fois les éléments clés identifiés — état du moment, intention, ressenti corporel — il est temps de proposer la pratique. Inutile d’en faire trop. Ce n’est pas la parole qui éclaire le vécu, mais l’expérience. La sophrologie se vit : c’est dans le corps que se fait la transformation.

Ce que cet article ne peut pas vous transmettre… mais que l’atelier peut

Un article peut éclairer, susciter une prise de conscience, ouvrir une réflexion. Mais seul un atelier permet d’expérimenter, de pratiquer, de tester des formulations, de recevoir des retours et d’ajuster sa posture en direct. C’est ce vécu partagé qui transforme réellement votre façon d’accompagner.

Dans l’atelier du 4 décembre, nous travaillerons concrètement :

  • Des modèles de questionnement simples mais puissants,
  • Comment raccourcir l’anamnèse sans couper la relation,
  • Comment recueillir l’essentiel rapidement,
  • Comment adapter la séance à la carte du monde du client,
  • Comment rester pleinement sophrologue dans l’échange.

Si vous sentez que vos anamnèses sont parfois trop longues, floues, ou inconfortables, cet atelier est fait pour vous.

Le 4 décembre 2025 – 9h / 12h30 – En visio – 60 €
Inscription ici


Envie d’aller plus loin dans votre posture de sophrologue ? Rejoignez-nous pour affiner votre écoute, structurer vos anamnèses et poser un cadre juste. Parce que la pratique sophrologique mérite de s’appuyer sur des fondations solides… et vivantes.

Et rappelez-vous : la qualité de votre anamnèse conditionne la qualité de la pratique qui suit.
Créer les conditions d’une expérience sophrologique riche et ajustée commence bien avant la sophronisation. Cela passe par une écoute fine, une structuration claire de l’échange et un cadre précis. Car une pratique pleinement vécue repose sur des fondations solides, la réalité objective de votre client, alignées avec votre posture… et profondément vivantes.

Emmanuelle Le Bris – Sophrologue et Formatrice