L’onde de choc : pourquoi la sophrologie a toute sa place dès l’annonce de la maladie

Depuis plusieurs années, j’accompagne régulièrement des personnes touchées par le cancer. En cabinet, mais aussi dans le cadre de partenariats associatifs ou médicaux, notamment avec l’Institut du Sein à Toulouse, où je propose des séances collectives de sophrologie pour les femmes atteintes d’un cancer du sein.
Ces rencontres régulières sont à chaque fois des espaces suspendus : des lieux où la maladie n’est pas niée, mais accueillie avec douceur, et où chaque femme peut se reconnecter à elle-même malgré le tumulte du parcours de soin et partager avec d’autres femmes qui vivent des choses similaires ou non.

Ce que je constate, séance après séance, c’est que le cancer ne touche pas seulement un organe ou une partie du corps. Il bouleverse l’être tout entier.

Une maladie qui impacte bien au-delà du corps

Le cancer agit comme une onde de choc, qui se propage sur tous les plans : physique, émotionnel, mental, relationnel, existentiel.

  • Sur le plan physique, la maladie, les traitements et leurs effets secondaires (douleurs, nausées, fatigue chronique, troubles du sommeil, tensions…) altèrent profondément la vitalité. Le corps devient parfois un ennemi, il est parfois méconnaissable, parfois source de peur.
  • Sur le plan émotionnel, cela peut ressembler aux montagnes russes. La peur, la colère, le déni, la tristesse, l’angoisse de la récidive ou de la mort cohabitent parfois dans une même journée.
  • Sur le plan social, les repères vacillent. L’entourage projette ses inquiétudes, parfois maladroitement. La personne se sent seule, malgré la présence des autres. Le regard sur soi change, on peut se sentir réduite à un statut de malade.
  • Et puis il y a l’impact intérieur, existentiel : les grandes questions émergent. Pourquoi moi ? Comment vais-je réussir à traverser ça ? Et si je ne guéris pas ? Qui suis-je maintenant ?

La sophrologie : un soin de support à part entière

Face à ce raz-de-marée, la sophrologie offre un espace précieux : un temps pour soi, pour souffler, pour se recentrer. Mais ce n’est pas « juste de la détente ».

La sophrologie aide à :

  • calmer l’agitation mentale,
  • relâcher les tensions corporelles,
  • accueillir ses émotions sans les subir,
  • retrouver du souffle, de la présence à soi,
  • redonner du pouvoir d’agir là où tout semble échapper.

Anne, 48 ans

Anne m’est adressée par la coordinatrice de l’institut du sein. Elle préfère venir en individuel au cabinet plutôt qu’en collectif, afin d’adapter la pratique à ses besoins. Elle vient quelques semaines après le début de sa chimiothérapie. Elle dit se sentir « en apnée » depuis l’annonce de son cancer. Tout va trop vite : les rendez-vous, les examens, les traitements. Elle me dit : « J’ai l’impression de ne plus habiter mon corps, comme si je le suivais à distance. »

Dès la première séance, Anne a pu retrouver une forme de présence à elle-même. Elle dit se sentir beaucoup plus ancrée, plus présente dans son corps. Grâce à des exercices simples de relâchement, elle a commencé à « se réhabiter ».
Elle n’allait pas mieux au sens médical du terme, mais elle reprenait une place dans ce qu’elle vivait. Elle se sentait de nouveau présente à elle même, à son corps et à l’écoute de ses besoins, ce qui changeait tout.

Et ce que je constate, séance après séance, avec Anne comme avec tant d’autres femmes, c’est qu’elles sont bien plus fortes qu’elles ne le croient.
À chaque rencontre, elles trouvent — ou retrouvent — des ressources insoupçonnées en elles. Pas pour faire des miracles. Mais pour continuer, un jour après l’autre, en gardant une part d’elles-mêmes vivante, stable, précieuse.

Si vous êtes sophrologue et que vous souhaitez accompagner les personnes touchées par le cancer avec plus d’assurance et de justesse, je vous propose un atelier de perfectionnement : il aura lieu le 17 juin 2025 de 9h à 12h30

Cet atelier est un espace de transmission, mais aussi de réflexion profonde sur notre rôle, nos limites, et la manière d’être pleinement présent.e face à des parcours de vie aussi sensibles.

Je vous retrouve dans le prochain article pour explorer comment ajuster concrètement l’accompagnement sophrologique aux différentes phases du cancer.

Emmanuelle Le Bris – Sophrologue et Formatrice